Maintenant, il y a aussi une autre chose dont j’ai envie de parler à propos de l’argent, parce que ça a été une année où je me suis pris une énorme claque à ce sujet. En fait, c’est la première année que je gagne d’aussi grosses sommes d’argent d’un coup et je me suis rendu compte que je ne savais absolument pas les gérer. C’est-à-dire que même en ayant augmenté mes revenus, je suis toujours autant à découvert (pas forcément autant, mais aussi régulièrement) et en insécurité financière. Gagner de l’argent et savoir le gérer sont vraiment deux choses très différentes. Je sais être rentable, mais j’ai découvert cette année que je ne savais pas me mettre en sécurité financière (en ayant la trésorerie pour palier des baisses temporaires de revenus et des mois où il ne se passe rien). Et ça m’a généré pas mal de stress.
Naïvement, je pensais qu’en gagnant plus, j’allais être plus tranquille. Je vais gagner plus, je vais mettre de côté, ça va être facile. Mais j’ai vraiment dû m’adapter et c’est pour ça que je disais que finalement, une croissance plus douce, c’était pas plus mal. Pour se laisser le temps de s’adapter. Concrètement, ce qu’il s’est passé, c’est que mon mec s’est pris un énorme rattrapage de l’URSSAF, notamment suite à des aides effectuées pendant le Covid qui se sont rattrapées cette année. Et moi, en bonne meuf qui veut soulager la terre entière (autant te dire qu’au sein de mon couple, j’en rajoute une couche), je me suis mise à combler les trous. J’ai pris une plus grosse part de charges, j’ai payé toutes les vacances, j’ai comblé les découverts… Et je l’ai fait de bon cœur ! C’est vraiment venu de moi. Je l’ai fait en me disant, en plus « nan, mais c’est bon, j’ai les moyens ». Évidemment, au niveau trésorerie, la caisse n’est pas sans fond.
Quand, à la rentrée, j’ai eu une baisse d’activité commerciale, que j’étais stressée et que, du coup, j’avais qu’une envie, c’était d’aller passer un week-end entre amies, ou juste de me faire 2 h au spa ou encore me faire masser et que, même si je gagnais beaucoup plus qu’avant, je ne pouvais PAS, ça m’a sonnée. J’ai réalisé que tout ce que j’avais gagné en plus, je l’avais utilisé pour rééquilibrer des trous à droite à gauche et j’ai pas assez pensé à mes besoins à moi. Vraiment, l’éducation financière, c’est quelque chose qui manque cruellement dans notre société. J’ai repris les choses en main à la fin septembre, en commençant à adopter le modèle de gestion financière Profit First, du livre du même nom. Et je vois déjà les fruits de ces efforts-là.
Après 3 mois, j’ai un peu baissé mes revenus, mais je les gère mieux, et surtout côté pro, je n’ai déjà plus le stress de ne pas avoir de quoi payer l’URSSAF ou mes charges. Je me suis aussi mis un principe de ne signer des devis ou d’acheter des formations tant que je n’ai pas l’ensemble de la trésorerie pour tout payer, même si le paiement s’étale en plusieurs fois. Alors, certes, ça veut dire parfois décaler des prestations ou des formations, mais au moins, je me soulage du stress de la pression financière, parce qu’autant, je ne payerai jamais quelqu’un en retard (parce que je déteste quand ça m’arrive et je sais à quel point ça peut vraiment mettre dans la panade), mais du coup ça veut dire qu’en payant les gens sans avoir les moyens, ça veut dire de me mettre, moi, en difficulté. La part de risque de l’entrepreneuriat, pour moi, elle réside dans le fait de faire des investissements qui seront rentables (investir dans des choses qui vont me faire gagner de l’argent). Pour moi, jouer à « je signe un truc sans avoir la certitude que je pourrais payer sans me mettre en danger financièrement », ce n’est pas ça le risque de l’entrepreneuriat. Je sais qu’il y a des gens qui pensent ça en disant « il faut être joueur en fait ». Moi, c’est un risque qui ne me convient pas. Je suis très à l’aise avec ça maintenant.
Voilà pour le bilan de l’année !
Au final, il n’y a que 2 objectifs que je n’ai pas atteints : celui du chiffre d’affaires, et celui de faire des ateliers en présentiel. Et c’est ce qui était juste pour moi, cette année.
C’est pour ça aussi que je trouve souvent inutile de se mettre des objectifs à trop long terme : il peut se passer déjà tant de choses en 12 mois que c’est juste augmenter les chances de ne pas les atteindre.
Avoir une vision à long terme, oui, mais poser des objectifs concrets à plus d’un an ? J’y crois moins.