Plongeons maintenant dans le cœur du sujet, et pour ça, je fais un retour en arrière en 2008, parce que c’est là que mon histoire tumultueuse avec le stress professionnel démarre. À l’époque, j’ai 22 ans, j’ai mon BTS de communication en poche, mais beaucoup de mal à trouver un emploi dans ce domaine. On ne me propose que des stages non rémunérés et c’est extrêmement frustrant. Donc, en attendant, je travaille dans un centre d’appel, où je fais du démarchage téléphonique pour vendre des assurances à des gens qui n’en ont pas besoin. Je joue sur la peur, avec un manager franchement pas net, qui finira d’ailleurs arrêté par la police sur le plateau, devant tout le monde !
Le garçon avec qui je vis à l’époque depuis un an et demi dans notre premier appart’ est à son compte, il crée des sites web, mais, en réalité, il ne crée pas grand-chose et passe plus de temps à jouer en ligne et à trouver de bonnes raisons de ne pas avoir de clients. On vit donc tous les deux sur mon petit salaire au SMIC. On ne fait absolument rien de notre vie parce qu’on a pas d’argent pour ça et, un beau matin, je me réveille avec la paupière droite toute enflée et une douleur à l’œil.
J’ai d’abord cru à un bête orgelet, mais que nenni !
Il faudra 4 mois, avec toujours cette tête de boxeuse, pour qu’un ophtalmo ait enfin la présence d’esprit de tâter et de m’envoyer faire un examen type scanner ou IRM.
Et là, on m’annonce que j’ai une tumeur à la glande lacrymale.
Au départ, on ne sait pas de quelle nature. Je passe une biopsie et j’attends 1 mois pour avoir la réponse, ce qui est absolument terrible ! Ce mois-là, je le passe à me préparer à ce qu’on m’annonce que je vais mourir. Finalement, non, je suis toujours là, la tumeur était inflammatoire donc, en soi, bégnine, mais, par contre, extrêmement mal placée. Elle n’est pas loin derrière l’œil. Derrière l’œil, il y a le cerveau donc je démarre un traitement à base de cortisone que je garderai pendant 1 an et demi. Ce que je veux absolument savoir à ce moment-là, c’est la cause, pour que ça ne revienne surtout pas et pour que je puisse agir dessus.
Les médecins me disent alors que la cause est très probablement le stress. Que mon corps, en gros, a sur-réagi à mon niveau de stress en développant une inflammation. Et à l’époque, parce que j’ai encore l’idée que le physique et le psychologique sont segmentés, j’ai l’impression qu’ils se foutent de moi et qu’ils ne m’apportent pas de vraies réponses. Je ne vois pas, à ce moment précis, en quoi mon stress, même si, oui, évidemment, au vu de ma situation de vie, j’étais très stressée quand ça s’est déclenché, a quelque chose à voir avec ma maladie.
Puis, après plusieurs mois de traitement, on m’annonce que ma tumeur a totalement disparu, qu’il n’y a plus d’inflammation. Ça m’étonne parce que, même si ça a dégonflé, j’ai toujours mal. Et là, les médecins ne comprennent pas. Pour eux, il n’y a plus du tout de raison que ce soit douloureux. Moi, j’ai vraiment toujours la même douleur au niveau de l’œil.
Il se passe alors l’événement qui me donnera le déclic de comprendre que oui, définitivement, il y a bien un lien entre mental et physique. Ce n’est pas lié au boulot mais ça m’a vraiment permis de comprendre beaucoup de choses.
Je suis contactée via le site Copains d’avant par une personne qui m’a fait énormément de mal à l’adolescence, et qui le sait. Je n’avais pas eu de contact depuis des années et notre relation s’était très mal terminée. Ça a été un vrai choc de voir ce message. D’autant plus qu’il me demandait innocemment des nouvelles.
J’ai explosé en voyant ça, j’ai hurlé comme si j’avais vu un fantôme, et j’ai laissé passer quelques jours avant de finalement décider de saisir l’opportunité de lui balancer tout ce que j’avais sur le cœur. Donc ma réponse à sa demande de nouvelles, ça a été ça, je lui ai expliqué comment j’avais vécu les choses et à quel point je trouvais ça indécent de faire comme si de rien n’était. Et ça m’a énormément soulagée. Sa réponse était minable, du genre « Ah désolé, moi, j’avais pas vécu ça comme ça, je voulais juste prendre des nouvelles en souvenir du bon vieux temps ». En fait, je m’en foutais. Le lendemain matin, ma douleur à l’œil avait disparu. C’était incroyable. Et là, j’ai vraiment intégré à quel point la sérénité mentale jouait sur la sérénité du corps.
Presque 10 ans plus tard, quand j’ai rencontré mon compagnon actuel qui est praticien en médecine traditionnelle chinoise, il m’a expliqué quand je lui ai raconté ça que l’œil est directement lié au foie, le siège de la colère. C’était très logique.
Mon stress de l’époque, c’était énormément de colère. J’étais en colère de ne pas trouver de job en lien avec mon diplôme et qu’on veuille juste m’exploiter en stage. J’étais en colère de devoir faire un job que je détestais, managée par un mec malsain. J’étais en colère de devoir travailler dans ce job que je détestais parce que mon mec de l’époque avait un gros poil dans la main. C’est de me libérer d’une très vieille colère qui m’a permis d’éradiquer cette espèce de douleur fantôme.